Andreea Talpeanu
Manifeste de l'art hypermoderne,
Dans un contexte géopolitique très complexe, où plusieurs facettes du monde s'affrontent, dont l'une fuit vers l'hyperconnectivité, le transhumanisme, les mutations génétiques et corporelles de toute règne biologique, les guerres de technologies ou économiques et la prolifération d'objets dans l'espace extra terrestre, et l'autre qui se trouve sans droits humains fondamentaux, dans des guerres culturelles et ethniques, dans un chaos environnemental, ou vivant en dessous du seuil de pauvreté et dans une précarité sanitaire, l'art en tout genre est un reflet et un moteur. La valeur marchande d'un objet artistique, ainsi que ses spéculations économiques créés par la “main invisible” génèrent des réels discours ou pseudo discours culturels en faisant écho à tout autre produit du marché, l'artiste étant le plus souvent lui-même devenu un produit labellisé. L'art est plus que jamais le reflet défectueux du monde. Ceci est dû à sa quasi-inutilité idéologique soutenue par la superficialité sociale, mais également par le vouloir d'intégration dans un habitat douillet. L'art et ses productions sont plus que jamais à l'image des objets marketing, uniformes et normalisés, générés par des entreprises tournées vers la spécialité et l'automatisation. Ceci étant dit, l'hypermodernisme apparaît comme un besoin de recyclage de la modernité et de ses avatars qui ont amené l'humanité à des excès, pour certains aspects remédiables.
L'art hypermoderne a des aspects indéniables d'une remise en marche de la modernité, mais aussi d'une critique incontestable de l'héritage du modernisme dans l'actualité contemporaine. Là où Constantin Brancusi, Hans Arp et Éva Hesse allait vers une épuration de formes, un vouloir d'abstraction et de sublimation, Marcel Duchamp, Marisa Mertz et Luise Bourgeois dérivent déjà de l'idéologie moderniste qui prétend placer l'homme au-dessus de toute chose en déclassant l'humain. L'hypermodernisme est à la fois contestataire d'un traditionalisme, mais également d'une fuite incontrôlée vers un ainsi dit “développement” effréné qui ne tient pas compte des aspects environnementaux, socio-économiques et éthiques. Ce courant artistique est un perpétuel recyclage des problématiques contemporaines, sous des formes poétiques, hermétiques ou très contestataires et ne se formalise pas esthétiquement.
Cette question du recyclage, soit idéologique comme Duchamp a déjà expérimenté par ses ready-mades modernes, soit le recyclage physique de matériaux dissimulés dans les œuvres hyper-modernes d'Andreea Talpeanu est l'ancrage de l'hypermodernisme. La modernité est la cause d'un amas de résidus étouffant l'être humain et son biotope, mais la modernité est également une source des grands progrès sociaux qui méritent d'être revalorisés.
Une autre particularité essentielle de l'art hypermoderne est le syncrétisme, dont la capacité est de fusionner des questions de plusieurs champs du système contemporain. Cette particularité très présente dans le monde actuel se reflète dans ce courant artistique, puisque le monde actuel est rarement disloqué où en autarcie de la machine de production, qui elle est hyper connectée, hybride, mutante, avec des taches séquencées mais qui ne peuvent pas perdurer en dehors de l'ensemble.
Andreea Talpeanu, a Parisian based artist, works within different disciplines with a focus on Fiber Art. Talpeanu has been featured in numerous exhibitions and thought provoking, published reviews.
Growing up in Romania in the eighties might be one of the reasons why Andreea Talpeanu engaged in such an unusual field of artistic expression.
But saying that says nothing. Because what Andreea does, she does it with her fingers, with fabric and with talent but she also does it with her brain and heart. Her productions are woven in a po- litical statement against all the waste modernity produces. They are the tamed expression of some- thing raw that grows inside of her and needs to come out, something that cannot remain silent. What Andreea’s hands create is an aesthetic reaction to the things that disturb her: half broken chairs left to die in the streets, abandoned pieces of clothing that can still shine, neglected lands people transit through without even noticing the way their modern life ruins them. As such, her gesture could be seen as ethical. And it is, ethical, but it is more than that. Untamable, the feelings she is, as a hu- man being, nearly oppressed by, found a way of transforming themselves into something aesthetical through the constant, uncompromising and meticulous work she produces. Fighting with the means of an old lady (pieces of cloth, wool and threads) against an over leisurely society doesn’t necessarily mean yesterday was a golden age.
Andreea Talpeanu’s work is more a deli- cate expression of faith than an aggressive protestation. Turning garbage into flesh, building beautiful and elegant bodies: the gesture is a generous gift of life to objects otherwise worse thandead, erased. Sewing is something the artist learnt with her grandma. Sewing is something women do, historically. When Andreea Talpeanu sews though, it has nothing to do with womanhood. It is more like building a meaning and direction. Like a reversed version of Ariadne’s thread, the artist draws material lines around fragments of the world. She doesn’t come from outside the maze in order to save trapped humans or fight against myth- ological creatures without losing herself. On the contrary, she is inside the maze/world/trap and tries to find a way out of it by means of material exploration. And this gesture is all the more it explains why she studied architecture. It answers one of the most crucial questions of life: how does one relate to space and time?
Clare-Mary Puyfoulhoux, art critic for Boum-Bang